Mikel Arteta a accordé une interview exclusive à Sky Sports dans laquelle il est revenu sur le problème de créativité au sein de son effectif cette saison, et où il explique également pourquoi il est confiant à l’idée de renforcer son groupe cet été. De bonne augure… !
C’est la tête baissée et quelque peu déçu qu’on avait quitté Mikel Arteta après la défaite à Villa Park de mardi. En même temps, la performance des Gunners contre le bloc bas d’Aston Villa n’avait rien eu de réjouissante, les hommes de Mikel Arteta étant la première équipe à boucler un match cette saison contre Aston sans cadrer la moindre frappe. Et c’est une statistique qui en dit long sur les problèmes de créativité au sein de l’effectif d’Arsenal sur lesquels Arteta veut se pencher dès cet été.
Les victoires la semaine d’avant contre Liverpool et Manchester City ont été deux matchs très importants dans le processus de Mikel Arteta. Rarement, Arsenal s’était résolu à défendre aussi bas, sans prendre une déculottée, rarement les canonniers n’avaient également réussi à se montrer si chirurgicaux dans ce genre de matchs en profitant de ce que leur laissaient leurs adversaires. Mais lorsqu’il s’agit de devoir percer des blocs bas, des équipes qu’ils sont « censés battre », les Gunners ont énormément de progrès à faire.
Attaquer un bloc bas… le mal d’Arsenal
Le manque cruel de créativité a notamment été un problème durant toute la saison et il explique en grande partie la plus mauvaise place depuis 25 ans à laquelle le club va terminer. En Premier League cette saison, Arsenal pointe à la 16ème place en termes de tirs, derrière une équipe comme Norwich. Concernant les « expected goals », ils ne pointent que trois places au dessus, entre des équipes comme Watford et Brighton… Bref, loin du feu d’artifice attendu. Et ce problème a été d’autant plus flagrant dans des matchs comme celui de mardi, lorsque l’adversaire laisse le ballon et est prêt à être sous pression en défendant dans ses trente derniers mètres. Jurgen Klopp a d’ailleurs décrit le fait de jouer contre un bloc bas comme « le plus gros défi pour n’importe quelle équipe de football dans le monde » dans une interview précédemment dans la saison sur Sky Sports et c’est l’un des principaux défis auxquels fait face Arteta.
« J’en ai fait l’expérience durant quatre ans à Manchester City, en travaillant dur sur les meilleurs moyens de s’en défaire. C’est un des défis auquel nous faisons face et l’un des domaines où nous devons nous améliorer, c’est sûr. »
Cette amélioration nécessite de la patience selon Arteta. Et même si ça l’aiderait certainement d’avoir des joueurs comme De Bruyne, David Silva ou les autres de l’armada offensive de City, Arteta insiste également sur le fait que c’est une question de forme, de compréhension collective et une attention toute particulière aux détails.
« Parfois, c’est dû à la qualité individuelle, mais la structure entière est probablement encore plus importante dans le but d’être une menace dans les espaces lorsque vous voulez attaquer. La cohérence avec laquelle vous maintenez ces attaques dépend également de la structure derrière le ballon. Tout est lié ensemble et les joueurs doivent comprendre cela. »
« Cela prend du temps parce que dans les petits espaces, chaque détail, chaque touche et chaque déplacement sont primordiaux. Et des fois, ce n’est pas juste la question de donner le ballon à quelqu’un, c’est de savoir quand. Est-ce que je le fais maintenant ? Ou est-ce que je le fais une seconde plus tard ? 30 millimètres de différence sur une passe peut tout changer. »
« Contre Villa, nous avons été bien meilleurs durant la première et la seconde phase de notre construction. Villa essayait de presser haut durant certains moments, mais ensuite ils ont décidé de ne plus le faire, de se replier parce qu’ils n’étaient pas assez efficaces dans leur pressing. Donc, d’accord, nous avons été meilleurs sur cette partie du match, mais désormais nous devons améliorer la partie suivante. »
Le cas Özil : pourquoi se passer d’un des meilleurs créateurs de l’équipe ?
Face à ce déficit de créativité, beaucoup de supporters se sont interrogés concernant l’absence prolongée de Mesut Özil qui est typiquement un joueur qui pourrait palier peut-être un temps soit peu à ce manquement, Mesut étant encore l’un des meilleurs joueurs de l’effectif cette saison en matière d’occasions créées, malgré qu’il n’ait pas joué la moindre minute depuis le restart.
« Je sais ce que Mesut apporte. Vous n’avez qu’à simplement regarder ses stats et vous pouvez voir ce dont il est capable de faire dans les zones hautes du terrain où il n’y a pas d’espace… C’est tout ce que je peux vous dire. »
Arteta ne souhaite pas s’étendre sur ce sujet comme dans bon nombre de ses conférences de presse, mais sans nul doute, l’éviction de Özil ou Matteo Guendouzi est relative à des manquements de la part des joueurs aux choses « non-négociables » qu’Arteta a décidé d’imposer à ses joueurs. Ramener Özil au sein de son équipe pourrait désormais être vu comme un abandon de ses principes, même si Özil est un joueur au profil créatif qui manque clairement à Arsenal.
« Regardez les joueurs que nous avons eus par le passé au club à ces postes. Vous revenez à Santi Cazorla, à Tomas Rosicky, à Andreï Archavine lorsqu’il y jouait, à Aaron Ramsey lorsqu’il jouait à ce poste, à Henrikh Mkhitaryan lorsqu’il est arrivé ici. Même Jack Wilshere savait jouer dans des trous de souris à chaque fois. »
« Ce sont beaucoup de joueurs qui ne sont désormais plus ici. Nous devons renouveler ce cycle, parce que si nous ne le faisons pas, ce genre de joueurs ne seront plus là pour nous. Ce sont une partie essentielle dont n’importe quel effectif a besoin. »
Dani Ceballos en 10 : une solution au manque de créativité ?
Est-ce qu’un Dani Ceballos jouant plus haut pourrait être une solution ? Le joueur de 23 ans, en prêt du Real Madrid, s’est montré excellent récemment à la base du milieu d’Arsenal mais il préférerait en effet jouer dans un rôle plus avancé où il peut utiliser ses qualités techniques pour avoir un impact dans les trente derniers mètres durant les matchs.
« Dani est quelqu’un qui la capacité de jouer plus haut, c’est sûr. Mais nous devons l’utiliser plus bas en raison des besoins que nous avons pour le moment, et grâce à la manière qu’il a de nous aider à faire la liaison entre les lignes, de nous offrir plus d’équilibre avec le ballon. »
Un mercato charnière aux yeux de tous
Arsenal espère prolonger l’aventure de Ceballos du côté de Londres Nord et Arteta se montre confiant malgré les complications financières induites par la crise du coronavirus, et le fait qu’Arsenal pourrait devoir se passer des revenus liés à une qualification en Europa League s’ils perdent en finale de FA Cup contre Chelsea. Mais les propriétaires du club, les Kroenke, semblent enclins à l’aider en injectant des fonds afin d’attirer de nouveaux joueurs qui pourront l’aider dans son projet.
« Je suis heureux que nous soyons sur la même longueur d’ondes, et que nous allons essayer de faire de notre mieux pour faire évoluer l’équipe. En tout premier lieu les joueurs que nous avons déjà ici, s’il y a quoique ce soit à faire en plus pour plus les aider et leur donner un meilleur environnement, et ensuite, si nous pouvons être actifs sur le marché et que nous pouvons faire des choses, alors décider quelles choses faire et si nous pouvons les faire rapidement. »
« Nous sommes entièrement prêts pour cela, et j’ai également une parfaite compréhension avec Edu, notre directeur technique. Nous avons travaillé en étroite collaboration pour mettre sur pied un plan dont nous sommes convaincus qu’il peut réussir. »
« Mais c’est également important d’avoir toutes les informations dont vous avez besoin de la part de l’équipe que vous avez, de la part des joueurs, de la part de tout. Cela a pris pas mal de temps également. »
Quel(s) système(s) aussi bien pour attaquer que pour défendre ?
Arteta ne contredit pas le fait qu’il soit suggéré que des joueurs créatifs doivent être une priorité du marché estival qui attend Arsenal, mais il insiste tout de même sur le fait que cette créativité ne doit pas nécessairement venir que du milieu de terrain.
« C’est un des domaines où nous pouvons nous améliorer, mais également, à quel point ces joueurs vont être importants dépendra également de la manière dont nous allons décider d’attaquer, parce que pas mal d’équipes le font différemment. »
« Liverpool, par exemple, le fait d’une manière différente, sans utiliser les petits espaces de cette manière, et ils sont toujours très efficaces pour autant. Vous pouvez voir le nombre de passes décisives délivrées par leurs défenseurs et les comparer à celles délivrées par les 10 de Manchester City, par exemple. C’est un nombre égal mais un style complètement différent. Donc il y a différentes manières de le faire. »
Cela va donc surtout dépendre du système utilisé par Arteta. L’Espagnol a décidé de repasser à une défense à trois après qu’Arsenal ait perdu ses deux premiers matchs au restart, en sacrifiant un milieu pour un défenseur afin de retrouver une certaine solidité. Mais est-ce dans son intention que de conserver sur le long terme cette tactique ? Rien n’est moins sûr.
« Pour construire quelque chose, vous devez gagner, et nous avons dû trouver un moyen de donner un petit peu plus de stabilité et d’être un peu plus imprévisibles dans ce que nous voulions faire. Nous avons trouvé différentes formations que nous pensions pouvoir coller à nos joueurs, et ça a fonctionné, en termes de résultats. »
« Nous voulons être polyvalents. Nous serons plus difficiles à contrôler si nous sommes capables de maîtriser deux ou trois formations différentes sans rendre les joueurs fous. Et toujours avec les mêmes principes, mais en étant capables de changer de système, et d’attaquer et défendre de manières différentes. »
Un recrutement sur le profil… mais surtout sur la mentalité
Quelque soit la recrue, Arteta exigera qu’elle s’adapte à ces exigences tactiques, mais le plus important pour Arteta, c’est que les recrues montrent beaucoup d’envie dans leur personnalité ainsi que de la passion. Arsenal est l’équipe qui a perdu le plus de points après avoir mené depuis que Mikel a repris l’équipe, mais ces faiblesses mentales remontent à bien plus loin.
« Pour moi, c’est la question numéro une qui se pose lorsque l’on fait venir quelqu’un au club. De quoi a-t-il l’air ? Comment va-t-il réagir dans les moments difficiles ? Est-ce que c’est un leader ? Est-ce que c’est quelqu’un qui va pousser ses coéquipiers ? Est-ce qu’il joue uniquement pour lui, ou a-t-il des ambitions collectives ? Est-ce que c’est quelqu’un de stable et qui pourra être régulier sur le long-terme ? Pour moi, c’est toujours les premières questions qui se posent lorsque nous essayons de faire signer un joueur. »
Les jeunes au cœur du projet Arteta… Smith Rowe en première ligne ?
Ces ambitions collectives, Arteta les voit chez les jeunes d’Arsenal. Son engagement auprès des jeunes se voit notamment dans le fait d’offrir le numéro 7 à Bukayo Saka la saison prochaine, alors que le gamin n’a que 18 ans. Pareil pour William Saliba qui prend le maillot numéro 4.
Mais Saka et Saliba ne sont pas les deux seuls jeunes autour desquels Arteta compte construire. Joe Willock, Eddie Nketiah, Reiss Nelson font également partie du projet, et de manière encore plus intéressante peut-être encore, Emile Smith Rowe qui a brillé en prêt du côté d’Huddersfield Town durant la seconde partie de saison, et qui possède précisément les attributs créatifs dont l’effectif d’Arsenal manque. Et à l’évocation de son nom, Arteta ne manque pas de sourire.
« C’est un joueur avec des qualités très spécifiques pour jouer dans les petits espaces à ce poste et en tant que milieu offensif. Je suis impatient de travailler avec lui. J’ai discuté avec lui et je l’ai suivi durant son prêt. Je pense que c’est quelqu’un qui pourrait pas mal impressionner. »
« Je suis satisfait de ce que j’ai vu de sa part. Il avait besoin de cette exposition et il paraît plus mature désormais. Je pense qu’il sera dans de meilleures dispositions lorsqu’il va revenir en pré-saison. »
« Les jeunes joueurs veulent être importants, ils veulent prendre les numéros de maillots importants, et j’aime cela. C’est une bonne étape, et ils peuvent être importants à l’avenir, mais c’est à eux de le décider cela. »
Les jeunes talents promettent à Arsenal des joueurs meilleurs. Mais Arteta ne se fait pas d’illusions et a bien conscience que son effectif a besoin d’être grandement amélioré. Si leur saison pourrait se terminer de forte belle manière en cas de succès en finale de FA Cup à Wembley, il ne faudra pas oublier que l’échec de finir dans les sept premiers de Premier League est un échec cuisant. Et cela place la hauteur de la tâche qui attend Mikel Arteta en vue de la saison prochaine.
« Je pense que c’est un bon reflet de la réalité. Le classement en championnat ne ment pas. Nous devons mettre en lumière les raisons qui se cachent derrière cela et remettre les choses en ordre aussi rapidement que possible. Evidemment, ce n’est pas les standards auxquels ce club aspire. »
« Nous devons nous améliorer, et nous allons le faire. »
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