Charlie George, le hippie d’Arsenal devenu Roi d’Highbury – The Arsenal Stories

Dans la chronique The Arsenal Stories, nous revenons sur ceux qui ont fait l’histoire des Londoniens. Qu’ils aient été anoblis par les supporters d’Arsenal ou que leurs exploits soient restés confidentiels, nous prendrons un malin plaisir à vous parler de quelques moments clés de l’histoire d’Arsenal. Aujourd’hui, il est l’heure de découvrir le charmant Charlie George. Flower Power ! Ou pas.

Peu de supporters d’Arsenal vouent un véritable culte à l’un des héros du club. Pire, peu de supporters sont mêmes capables d’associer le nom de Charlie George à l’une des plus grandes réussites des Gunners. Quant à ceux qui ne connaissent pas même le nom de Charlie George, il est temps de se rattraper. C’est parfait, on est là avec un article sur ce magnifique joueur. La vie est bien faite, non ?

Serait-ce le moment de vous énumérer un tas de faits le concernant ? Oui. Et non. Qu’il soit né en 1950 n’importe que très peu. Qu’il ait fait sa place au sein de l’équipe première d’Arsenal en août 1969 est cependant symboliquement très fort. Non parce que son football était un étalage des valeurs des hippies de l’époque. A ses débuts, Charlie était même considéré comme un skinhead du football, crâne rasé, rugueux, méchant.

« Si quelqu’un me bouscule, je l’écrase. » Peace and Love, Charlie ! 

C’est ainsi que l’on pouvait résumer les valeurs de Charlie George à ses débuts avec les Gunners. Pas très peace and love hein ? On vous l’avait dit. A vrai dire, dès l’enfance, on pouvait dire que Charlie était un véritable cauchemar. « C’est très juste de dire que j’ai passé plus de temps dans le couloir qu’en classe. » C’est pas nous qui le disons, c’est lui.

Et ce caractère s’est retrouvé dans son football. Très vite labellisé comme fou, mauvais et dangereux. Sa première volonté ? Énerver ses adversaires. « J’énervais les joueurs. Je m’asseyais sur la balle, l’écrasais avec mes genoux, ce genre de choses. Ça les énervait et ils essayaient de me frapper. Je l’acceptais mais je pouvais surtout leur répondre. En tant qu’enfant, je me fondais dans la masse de personnes plus âgées que moi parce que dans le football, c’est ce que vous devez savoir faire. Je n’ai jamais été impressionné par d’autres joueurs. J’ai toujours cru que je pouvais faire ce que je voulais sur le terrain. »

Sur le terrain, George se vengeait souvent des tacles et coups qu’il recevait. De rugueux bisous dans le cou de ses adversaires, une fois l’arbitre dos à lui, suivi d’un petit clin d’œil aux supporters et un langage bien fleuri en direction des arbitres pour conclure. De la tendresse pure. Rien de bien anormal pour un joueur qui pensait que les gens étaient soit de grandes personnes soit des branleurs. Et ouais.

Alors comment un tel joueur a-t-il pu être surnommé le hippie d’Arsenal, me direz-vous ? Et bien, août 1969 a aussi été marqué par un fameux festival de musique. Un demi-million de personnes à Woodstock écoutant Jimmy Hendrix une fleur dans les cheveux. Très vite, George était passé de la mode crâne rasé à celle des cheveux longs.

Et en décembre 1970, le Daily Express le surnomma ‘le footballeur hippie‘.

De ce surnom et de ce nouveau style sont nés les chants moqueurs que les supporters adverses chanteront à son égard jusqu’à la fin de sa carrière. Sur un air de Jesus Christ Superstar, Charlie George avait droit à …

Charlie George, Superstar
Walks like a woman
And he wears a bra

Ou le fameux « Où est ton sac à main ? ».

Mais malgré une personnalité et un style des plus réjouissants, Charlie George a permis aux fans d’Arsenal de vivre un des moments les plus incroyables de son histoire. Un moment qui lui a permis de rentrer au panthéon rouge et blanc. Au moins pour un temps.

Un roi doublement couronné

Et pourtant, Charlie est parti de loin. Dès le début de la saison 1970/1971, le hippie d’Arsenal se blesse gravement. Premier match de la saison et Charlie se brise la cheville dans un contact avec le gardien d’Everton, Gordon West. S’en suivirent 4 mois de dur labeur au cours desquels Charlie n’a pu découvrir Highbury qu’en tribunes, entre deux séances de rééducation et de renforcement musculaire.

De retour à la nouvelle année, Charlie fit sentir son impact très rapidement. Coéquipier de Charlie George jusqu’en 1973, Frank McLintock disait alors : « Charlie a fait son retour dans l’équipe et a apporté quelque chose de plus à cette équipe. Il était notre facteur X. »

Cet impact, Charlie en fit montre lors de deux grands moments de cette année 1971.

D’abord, en avril 1971, Arsenal reçoit Newcastle dans son antre d’Highbury. Un match compliqué au cours duquel les Gunners montrent clairement des signes de fatigue et n’arrivent pas à forcer la décision. L’un des exemples les plus frappants est l’impossibilité pour Charlie de se défaire du marquage serré du capitaine de Newcastle, Bobby Moncur. Bouillonnant, Charlie agrippa son adversaire à la gorge et le menaça : « Arrête de me faire chier ou je t’écrase. » Et il l’écrasa. Le détruit, même.

A dix minutes de la fin, George est la réception d’un corner, réalise un magnifique une-deux avec Moncur (oui, oui) et tout en délicatesse, propulse un missile dans dans la lucarne gauche du gardien adverse.

L’une des images les plus emblématiques de ces années 70 et qui perpétue l’image d’hippie de George est sa célébration face à la North Bank, cheveux aux vents.

Ce moment marque le retour de George au plus haut niveau. Mais il marque aussi le départ d’une campagne d’insultes reçues par le joueur d’Arsenal jusqu’à la fin de la saison. Et c’est lors d’une nouvelle rencontre à domicile, cette fois contre Stoke City, que les supporters rouge et blanc adoubèrent leur joueur, en réponse à de nouvelles insultes des fans adverses.

« Le Roi d’Highbury est né ! »

La fin de saison se déroule sans accroc pour les Gunners qui finissent par devenir champions devant une équipe de Leeds pourtant leader avec 5 points d’avance sur Arsenal au moment de ce fameux match face à Newcastle. Le plus savoureux en cette fin de saison 1970/71 fut sans aucun doute le but de Ray Kennedy qui offrit le titre à Arsenal sur le terrain de Tottenham, à White Hart Lane. We won the league at White Hart Lane ! Et ouais.

Le titre acquis, George rentre tranquillement se coucher quand tous les autres savourent leur victoire au pub. Il se prépare calmement, sereinement, pour ce qui aillait être le plus grand moment de sa carrière à Arsenal.

En 1971, non seulement Arsenal remporte son premier titre de champion d’Angleterre depuis 28 ans, sur le terrain des Spurs. Assez jouissif. Mais les Gunners disputent également la finale de la FA Cup face à Liverpool.

Dans une rencontre fermée, Reds et Gunners se disputent la victoire finale en prolongations. Des buts d’Eddie Kelly et Steve Heighway portent le score à 1 but partout. Mais à seulement 5 minutes de la fin des prolongations, Charlie George décide de sortir de sa boîte. En grande difficulté depuis le début de la rencontre, l’attaquant inscrit le but victorieux d’une frappe à l’entrée de la surface après un échange avec John Radford. Et même si ce but est sans aucun doute le plus grand moment de George avec Arsenal, sa célébration est elle-aussi devenue légendaire. Aussi marquante que celle de Pelé dans les bras de son coéquipier de sélection brésilienne.

Cette célébration – celle de George s’écroulant sur la pelouse – le joueur lui-même ne peut toujours pas l’expliquer. Parfois décrite comme « spontanée« , certaines fois comme un moyen de « gagner du temps », elle était surtout un moyen de ne pas « tricher envers les fans d’Arsenal. »

Le Roi d’Highbury permettait ainsi à son équipe de réaliser un doublé historique. Et lui permettait d’être une nouvelle fois adoubé.

On vous laisse admirer les images de son match face à Liverpool.

Charlie George avait tout pour devenir une légende du club sur la durée. Mais cet exploit n’est resté que ponctuel. Plus de 10 mois ont été nécessaires à George pour marquer à nouveau à Highbury. Déjà celui qui s’annonçait comme une star immense commençait à perdre de son éclat. En 1975 et après 49 buts inscrits en 179 rencontres avec Arsenal, George signe à Derby County.


Conseils lecture:

  • Rebels for the Cause, The Alternative History of Arsenal Football Club, Jon Spurling
  • Highbury, The Story of Arsenal in N.5, Jon Spurling

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