[EL – Finale] Arsenal v Chelsea – Le match de la décennie

Le match le plus important d’Arsenal depuis bon nombre d’années se déroule ce mercredi en Azerbaïdjan. Non, ce n’est pas l’Eurovision… C’est bien plus grand. 

Les colosses s’érodent

Il y a quelques années, cela aurait pu être une finale de Ligue des Champions. On l’imagine, à défaut de l’avoir vécue. En réalité, cela aurait pu être le cas, il y a 10 ans. Depuis, quand Arsenal ne cessait de se faire éliminer par Barcelone, le Bayern ou le Milan AC, Chelsea connaissait une longue période de montagnes russes qui l’emmenait au sommet en 2012 – oui Didier Drogba a depuis perdu ses cheveux – et un peu plus bas, en route vers la petite coupe d’Europe qu’ils finissaient par remporter un an après leur victoire à Munich.

Bref, comme on aime jouer aux vieux cons, on pourrait dire: « Qu’il parait loin ce temps où la gloire londonienne ne pesait pas sur les bien trop frêles épaules d’un club dont l’envergure est beaucoup trop mince pour supporter de si grandes oreilles…« . What do you think of Tottenham? Cette saison, trois clubs représentent Londres en finales européennes. Et c’est le pire qui la représente au moment du plus grand rendez-vous. Les temps changent, MC.

Après tout, l’édition 2018/2019 de cette finale d’Europa League ne serait-elle pas simplement le reflet de ce que sont aujourd’hui Chelsea et Arsenal ? Deux concurrents, deux favoris à la victoire finale en C3, et rien de plus, à l’instant T. Le niveau actuel des deux équipes parle pour elles. Des hauts et des bas. Si l’on est suffisamment intègres et objectifs, il est assez aisé de se rendre compte que l’un des deux équipes a davantage réussi sa saison. D’un point de vue purement factuel, l’une est parvenue à se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions en terminant 3ème du championnat et l’autre s’est tirée, à de multiples reprises, des balles dans le pied afin de rester dans les clous et d’échouer aux portes du Top 4. Mais à l’aube d’une rencontre capitale, les deux équipes partent à égalité. On fait dans la langue de bois. On reprend le vocable habituel des entraîneurs dont l’envie principale dans les derniers instants est de libérer une pression, on-ne-peut-plus présente, avant ces rencontres. C’est du « 50/50« .

Et on aurait tendance à dire que factuellement… Et bah, c’est pas faux.

1 partout, la balle au centre… Mais un peu plus proche des cages des Blues, si c’est possible

Dans l’absolu, là encore, c’est pas faux. Alors, on pourra nous rétorquer que Chelsea a fini 3ème du championnat, soit deux places devant Arsenal, et qu’ils sont donc assez logiquement favoris. Soit. Et nous, on pourrait insulter ces gens-là pour rappeler des souvenirs très douloureux d’une fin de saison ratée sur les pelouses anglaises. Une fin de saison qui fait peser une énorme épée de Damoclès au-dessus de la tête d’un club entier. Et si ça flotte au-dessus d’un club entier, c’est que c’est une putain de grosse épée, croyez-moi. Même Damoclès aurait du mal à la porter. Vous voyez Steve Rogers avant qu’il soit vraiment Captain America ? Et bah imaginez-le réussir à soulever le marteau de Thor avec ce genre de bras… Ça vous donne une idée de la taille de l’épée de Damoclès puissance 1000 qui n’attend que de trancher la tête de Kroenke.

Et puis, après cette vision d’horreur – ou pas parce que bon Kroenke… – il nous serait aussi facile de revenir aux faits. En deux confrontations cette saison, Arsenal et Chelsea ont chacun remporté leur match à la maison. Chelsea 3-2 à Stamford Bridge en Août dernier, et Arsenal 2-0 à l’Emirates en Janvier. « On peut faire le calcul et dire que comme Arsenal gagne 4-3 au cumulé, c’est eux les favoris? »  Bah, n’en déplaise à Robin et Batman – là, faut se figurer Theo Walcott réalisant son double contact au sol avec un slip Batman, juste – ce n’est pas comme ça que ça marche.

Malgré tout, dans les confrontations directes entre ces deux équipes, Arsenal est de toute évidence l’équipe qui aura laissé la meilleure impression. En Août dernier, menés 2-0 après 20 minutes de jeu, les Gunners avaient fait montre d’une force de caractère surprenante et étaient revenus dans la partie en contrôlant le jeu pendant longtemps. Résultat ? 2-2 à la mi-temps et une équipe revenue dans la partie. Et malgré une imprécision technique fatale pour des joueurs qui n’ont pas pu éviter le but victorieux de Marcos Alonso, les joueurs d’Emery avaient laissé entrevoir de réels espoirs de création et d’installation d’idées de jeu arrêtées et fortes. A cette époque, Laca était blâmé pour sa passe en retrait foirée qui offrait le but aux Blues et Xhaka était encore et toujours dans la tourmente pour son incapacité à supporter un pressing. Arsenal jouait à 4 derrière. Et ouais. Mais avec Mustafi titulaire. Et ouais…

C’est vraiment lors de la seconde rencontre qu’Arsenal eut l’opportunité de prouver que l’une de ses réussites avait été de répondre présents lors des grands rendez-vous sur sa pelouse. United, Tottenham, Liverpool en championnat, Rennes, Naples, Valence en Europa League. Aucune de ces équipes n’ont réussi à l’emporter à l’Emirates. Et lors de la venue de Chelsea, cette logique s’est confirmée. Si l’inconsistance et l’irrégularité furent deux problèmes des plus visibles cette saison, la métamorphose d’Arsenal dans certains grands rendez-vous le fut tout autant. Parce qu’à l’Emirates, face à un adversaire qui quitta la pelouse de son voisin avec plus de 60% de possession, Chelsea dut se résoudre à voir Arsenal l’emporter 2-0, à l’expérience. Plus de tirs, plus de tirs cadrés, plus de duels gagnés, une envie énorme, une intensité folle et un sang-froid qui permit à Laca et Kos d’offrir la victoire aux leurs.

« Attends, t’es en train de nous dire qu’Arsenal est favori, du coup ? Je comprends plus rien. » Non. Et encore une fois, factuellement, il est plus naturel de se laisser porter par les faits et les chiffres pour faire de Chelsea son favori.

Mais les faits sont-ils le seul facteur à prendre en compte ? Oh non…

On espère que l’expérience parlera dans le silence du stade de Bakou

On ne reviendra pas sur ce qu’est l’UEFA dans cette histoire. Récemment, le président de cette grande et magnifique institution se lavait les mains de tous les problèmes qu’il avait engendrés en nommant Bakou comme hôte de la finale de l’Europa League, qu’ils soient d’origine politique, diplomatique, logistique et plus, sans même aucune affinité. Sans même prendre en compte les enjeux internationaux liant l’Azebaïdjan et l’Arménie, le président de l’UEFA s’exposait à ce que certains joueurs ne puissent être mis dans des conditions de sécurité suffisantes afin de jouer une finale d’Europa League de football. Et sans même sourciller, ce même président proclamait une possible iniquité sportive sans que cela ne pose aucun soucis. Le résultat ? Une équipe d’Arsenal privée d’Henrikh Mkhitaryan, un joueur au niveau inconstant mais qui se serait avéré d’une utilité folle au cours de cette finale. Merci pour ce respect des belles valeurs du sport et du rejet de celles de l’argent dont la provenance est douteuse… Quelle intégrité cet Aleksander Ceferin.

Et comme ce n’était pas suffisant, l’UEFA s’est entachée d’une nouvelle affaire douteuse. Seulement 6000 places allouées à chacun des deux clubs finalistes, des moyens de transports aux coûts exorbitants et une logistique foireuse, voilà ce qui attendait les courageux fans qui voulaient faire le déplacement à Bakou. Une nouvelle erreur contre laquelle, Arsenal s’est vite insurgé. Et à raison. Il y a 10 jours, près de 10 jours après la demi-finale remportée face à Valence, seulement 2800 places étaient vendues sur les 6000 places allouées par l’UEFA au club d’Arsenal. Si l’on en croit Ornstein et la BBC, Arsenal aurait presque vendu ses 6000 places mais Chelsea n’en aurait vendu qu’un peu plus de 2000. Soit près de 5000 places retournés à l’UEFA. Magnifique. On va entendre les mouches voler.

Dans sa conférence de presse, Emery restait sobre et bottait en touche toutes les polémiques potentielles. Comme les supporters d’Arsenal qui se sont vus interdire la possibilité de manifester leur mécontentement par des bannières et banderoles dans le stade de Bakou, Unai préférait se taire sur le sujet et affirmer la volonté de son équipe de se battre pour tous ceux qui seront dans le stade et pour ceux qui n’ont pas pu faire le voyage.

« Nous ne pouvons pas parler de ce que nous ressentons individuellement. Je pense que c’est plus important de penser à jouer la finale contre Chelsea et nous voulons montrer que nous sommes capables de gagner un titre. Ce sera sans Mkhitaryan et sans tous nos supporters comme nous l’aimerions. Mais la finale reste très importante. C’est dommage que tous les supporters ne puissent pas aller à Bakou mais ils seront à la maison et nous suivrons à la télé. Nous devons penser à ça et jouer pour eux. »

Si Arsenal ne pourra compter sur une grande partie de ses supporters, le club pourra s’appuyer sur autre chose. Une notion floue quand il s’agit d’évoquer Mustafi ou Squillaci, mais un peu plus rassurant lorsque l’on parle d’Unai Emery. Ce mercredi, le manager espagnol jouera sa quatrième finale européenne. Après trois succès sur le banc de Séville, Emery tentera de marquer l’histoire d’Arsenal en étant le premier coach à permettre aux Gunners de remporter une C3.

« A chaque fois, c’est différent, chaque finale est une nouvelle histoire pour moi. C’est une nouvelle étape que je veux créer. Je veux le faire ici avec Arsenal. »

« Notre expérience peut être importante mais il faut avant tout préparer les joueurs en gardant à l’esprit que chaque adversaire est différent. Nous voulons que les joueurs aient beaucoup d’ambition et de motivation pour cette finale. »

« Nous jouons pour connaître des moments comme ceux-là avec nos supporters, avec la possibilité de gagner un titre et de jouer la Ligue des Champions l’année prochaine si nous gagnons. Nous voulons profiter de ce moment. »

A Bakou, Arsenal a l’occasion de remporter un trophée. Mais pas seulement. L’issue de ce match pourrait être un moment clé de l’histoire des Gunners à court terme et définir la stratégie d’action des dirigeants pour les prochaines saisons. Si Unai permettait à Arsenal de remporter sa première C3, ce trophée lui permettrait de prendre le bon virage afin de redevenir un gros du championnat anglais.

Des enjeux capitaux… Un peu plus pour certains que d’autres

Une nouvelle fois, le factuel peut nous aider. Factuellement, une victoire en Europa League permet une accession directe pour la prochaine édition de la Ligue des Champions. Et assure une place dans le premier chapeau aux côtés du vainqueur de la Ligue des Champions – Liverpool ou Tottenham – et des champions des 6 plus grands championnats européens. Une protection non-négligeable pour Arsenal. Factuellement toujours, Chelsea est déjà directement qualifié pour la prochaine Ligue des Champions grâce à son classement en Premier League – les Blues ont fini 3ème, à 1 pt devant Tottenham, et 2 devant Arsenal. Les Gunners s’apprêtent donc à rencontrer une équipe déjà assurée d’entendre cette magnifique musique les mardi et mercredi soir, l’an prochain. Et Arsenal voudrait en faire de même. C’est capital.

On pourrait toujours nous rétorquer que l’Ajax était à 10 secondes de jouer une finale de Ligue des Champions grâce à des investissements bien sentis, et une formation solide. On pourrait nous dire qu’en prenant le temps, Arsenal pourrait en faire de même. Oui mais non. Même si Arsenal dispose de talents indéniables dans son académie, il est indispensable de disposer d’une manne financière importante afin de pouvoir recruter, consolider et façonner cet effectif encore défaillant. Et si vous avez bien suivi l’actualité, vous savez que les moyens mis à la disposition d’Emery en cas de victoire en Europa League ce mercredi sont autrement plus importants et significatifs qu’en cas de défaite. Si Arsenal était amené à jouer l’Europa League la saison prochaine, le club disposerait alors d’environ £40M à dépenser – sans les ventes – si l’on en croit notamment David Ornstein. Ce montant serait plus de 2 fois supérieur en cas de victoire mercredi soir. Le Club aurait alors plus de moyens pour construire et modifier un effectif vu comme vieillissant et manquant de talent.

Arsenal est entouré de clubs anglais disposant d’effectifs de meilleure qualité et de moyens plus importants. L’effectif de son adversaire du soir pour la finale de mercredi est, bien évidemment, plus complet et plus talentueux. Liverpool et Manchester City font figure de graal pour les Gunners, United dispose d’une force de frappe financière extrêmement importante et Tottenham dispose aussi d’un effectif plus régulier, plus complet et d’une équipe cohérente capable de se hisser en finale de Ligue des Champions.

Ce mercredi, Arsenal doit prendre le bon train… Et de sa victoire dépendra la possibilité de s’asseoir en première classe.

Le point Croix-Rouge

En l’absence de Mkhi, un retour pourrait être important, celui de Danny Welbeck qui devrait être sur le banc. On en pleure encore, mais Rambo ne sera pas de la partie.

Côté Chelsea, il faudra sans doute faire sans Hudson-Odoi, Loftus-Cheek, Rüdiger et peut-être également sans Ngolo Kanté qui aurait contracté une blessure importante au genou cette semaine.

Arsenal : Cech – Sokratis – Koscielny – Monreal – Maitland-Niles – Xhaka – Torreira – Kolasinac – Özil – Aubameyang – Lacazette

Chelsea : Kepa – Emerson – Azpi – Christensen – David Luiz – Jorginho – Barkley – Kovacic – Hazard – Giroud – Willian

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