La grosse interview de Lacazette par Ian Wright

Arrivé à l’été 2017, Alexandre Lacazette a connu une première saison en Premier League  contrastée notamment entachée d’une blessure qui l’avait vu rater tout le début de l’année 2018. Sous la houlette d’Unai Emery et avec son pote Aubam, Laca commence à déployer ses ailes sous le maillot rouge et blanc.

A l’aube de la 10èmejournée de PL, BT Sport nous a gâté au cours de son émission Premier League Today vendredi soir avec un entretien entre Alexandre Lacazette et Ian Wright réalisé à l’occasion d’un media day quelques jours auparavant. La légende des années 90 d’Arsenal a échangé avec l’ex-Gone pendant plus de 10 minutes notamment sur les différences d’approche entre Wenger et son successeur, sur sa relation avec ses partenaires et sur son adaptation à la PL et à la vie londonienne. Une interview riche d’enseignements délivrée entièrement dans la langue de Shakespeare par Alex, dédicace à son pote Nabil Fekir.

 

[Ian Wright (I.W.)] Alex, content de te voir tout d’abord mon ami, Laca. Ce media day, tout ce que tu dois faire, les interviews, est-ce que tu aimes ce genre de choses ?

 

[Alexandre Lacazette (A.L.)] Personnellement, non, je n’aime pas beaucoup parler à la presse, prendre des photos, tout ça.

 

[I.W.] Pourquoi ? Nous devons en savoir plus sur toi. Nous devons savoir ce qui dérange Alexandre.

 

[A.L.] Moi j’aime être de mon côté, silencieux, juste faire mon travail puis rentrer à la maison, que les gens ne me parlent pas trop. Je veux seulement montrer qui je suis sur le terrain.

 

[I.W.] Qu’est-ce que tu penses de Londres ? Tu t’es bien installé ici ? Tu aimes Londres ?

 

[A.L.] J’adore Londres, je suis venu ici pour découvrir quelque chose de différent. C’est une super ville, j’aime comment les gens pensent ici, ils ne se préoccupent pas de ta couleur de peau par exemple.

 

[I.W.] Est-ce que tu peux te balader tranquillement ?

 

[A.L.] Franchement, parfois, je n’ai pas de chapeau, pas de lunettes, et les gens ne me reconnaissent pas.

 

[I.W.] Ça te plaît ?

 

[A.L.] Oui, quand je peux me promener, chiller, et que personne ne sait qui je suis, ça me va.

 

[I.W.] Je dois dire, venir de Ligue 1 et arriver à Londres, en Premier League, est-ce que c’est quelque chose que tu voulais ? En grandissant, quelle était ton équipe, est-ce que tu regardais une équipe en particulier ? Est-ce que tu regardais Arsenal ?

 

[A.L.] Oui, clairement, Arsenal avec Titi, Patrick, Robert Pires, Sylvain Wiltord. Arsenal en Angleterre, c’est l’équipe qui joue le meilleur football. Il y a Manchester City aussi maintenant, c’est différent mais Arsenal a toujours bien joué. Pour moi, même si en Angleterre le jeu est physique, je voulais jouer un beau  football.

 

[I.W.] Par rapport à quand tu jouais en Ligue 1, en quoi est-ce différent, notamment sur la vitesse de jeu ? Était-ce plus simple de recevoir la balle ? Est-ce que tu reçois la balle dans de meilleures conditions ici ?

 

[A.L.] En Ligue 1, comme j’étais un bon joueur…

 

[I.W.] Tu es toujours un bon joueur ! Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu veux dire que tu n’es plus un bon joueur maintenant ?

 

[A.L] Non, non, je veux dire, un des meilleurs joueurs du championnat. La défense avait peur donc en recevant la balle, j’avais peut-être un mètre de plus et  c’était plus facile avec la balle. Mais ici, les défenseurs n’en ont rien à faire de qui tu es. Je pense que, meilleur tu es, plus ils …

 

[I.W.] Ils te rentrent dedans…

 

[A.L.] Ouais.

 

[I.W.] Tu as mis un but contre Cardiff. J’ai vu ton mouvement dans la surface, et tu es parti sur ton pied droit parce que tu marques beaucoup avec ton pied droit. Tu as eu beaucoup de temps pour tirer en force sous la barre. Est-ce que tu t’attendais à être aussi peu coller au marquage ?

 

[A.L.] Ce genre de buts, c’est exactement ce sur quoi nous travaillons à l’entraînement, le milieu me transmet la balle et je prends l’espace par rapport au défenseur et j’ai le temps d’ajuster ma frappe.

 

[I.W.] Quand tu as débuté à Arsenal, tu jouais pour Arsène Wenger, et quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression que l’état d’esprit est différent. Est-ce que tu ressens aussi que c’est différent vu que tu as vécu la fin d’Arsène et le début d’Unai ? Est-ce que tu vois une différence jusqu’à présent ?

 

[A.L.] Sur le terrain, on le ressent, on joue différemment.

 

[I.W.] Vous travaillez plus ?

 

[A.W.] Oui, il y a plus de tactique maintenant. Le coach nous en demande plus, tout le temps, à tous les joueurs.

 

[I.W.] Est-ce que ça te plaît ?

 

[A.L] Oui, j’aime ça, pour moi c’est la meilleure façon de s’améliorer. Le coach, peu importe le joueur, il va toujours te demander d’être au top. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles, on tourne aussi bien. 

 

[I.W.] Quand tu es arrivé, j’étais très frustré au début parce que, quand tu es arrivé, tu as commencé ton premier match contre Leicester, 2 minutes et bam [il a inscrit son premier but (ndlr)]. J’avais écrit sur Instagram que c’était ce dont nous avions besoin. J’étais frustré parce que tu n’étais pas assez souvent titulaire. Il me semble que tu n’as débuté que 12 matchs cette saison alors qu’on voyait que tu marquais un but tous les deux matchs et que même quand tu étais titulaire, et marquais, tu te faisais remplacer. Je regardais ton visage et tu avais l’air très déçu.

 

[A.L.] Oui, je l’étais parce que, la saison dernière, je savais que j’avais une heure pour marquer. Le coach doit faire des choix, je dois les respecter bien sûr, mais en tant qu’attaquant, on veut jouer tout le match. D’autant que la plupart des occasions arrivent à la fin du match parce que tu as déjà bien fatigué les défenseurs…

 

[I.W.] Et toi tu as déjà été remplacé !

 

[A.L.] Oui, donc j’étais frustré, mais c’était ma première saison. Toute ma famille me disait « OK, ne t’inquiète pas, profite, c’est un bon club ».

 

[I.W.] Je me rappelle l’année dernière t’avoir demandé si ça allait et t’avoir dit de ne pas trop te frustrer. Comment tu te sens maintenant quand tu joues ? Est-ce que tu sens que tu vas jouer les 90 minutes ?

 

[A.L.] Je pense que oui. Le coach me fait un peu plus confiance.

 

[I.W.] Jouer devant, seul au centre de l’attaque. Je me rappelle quand je jouais, quand Arsène Wenger est arrivé, il m’a dit qu’il voulait que je reste dans la surface. Je voulais savoir si c’était différent entre Arsène et Unai Emery parce que je vois que tu te déplaces beaucoup plus. Est-ce qu’on t’a demandé de faire ça ou est-ce que tu le fais naturellement ?

 

[A.L.] Arsène, oui, il voulait que je reste devant.

 

[I.W.] Il me disait pareil !

 

[A.L.] Avec Unai, c’est différent, il veut que je joue mon jeu, faire plus de courses derrière les défenseurs et aussi être plus présent dans la construction du jeu.

 

[I.W.] Qu’est-ce que tu en penses de ça parce que pour moi, tu es un scoreur. Évidemment, faire des passes décisives, c’est bien. Je ne me rappelle pas avoir jamais fait de passe décisive quand je jouais, ce n’était pas quelque chose que j’avais en tête. Mais le fait est que faire des passes c’est bien, mais je suis sûr que c’est au milieu de l’attaque que tu veux être pour marquer des buts.

 

[A.L.] Oui, aussi, mais vu que je joue avec Auba, il peut prendre ma position, donc je peux prendre du plaisir en jouant au milieu, en touchant plus la balle et après aller dans la surface. Pour moi c’est bien de toucher la balle, mais à la fin je veux être dans la surface.

 

[I.W.] Quand je regarde des vidéos de toi, tu termines toujours au milieu de la surface. Est-ce que tu te mets un objectif quant au nombre de buts marqués, spécialement parce que tu as l’air très en forme ?

 

[A.L.] Ça va mais cette saison, je ne veux pas me mettre d’objectif, je veux juste marquer et aider mon équipe. Juste une saison, jouer comme ça, sans objectif.

 

[I.W.] Cette célébration que tu fais avec Auba maintenant. Est-ce que c’est quelque chose que tu planifies ou c’est naturel ?

 

[A.L.] Tu sais en jouant au taureau à l’entraînement, une fois celui au milieu n’a pas réussi à récupérer la balle, et j’ai commencé à faire ça, le mouvement est venu naturellement et c’est resté.

 

[I.W.] Ça me plait. Qu’en est-il de ta relation avec Auba ? Vous avez l’air de vous entendre très bien. J’ai vu que vous veniez à l’entraînement ensemble, vous avez l’air très proche. Est-ce que vous vous entraînez ensemble aussi, pour connaître encore mieux les mouvements de l’autre ?

 

[A.L.] On travaille ensemble. Pas seulement avec Auba mais aussi Danny, Alex, Miki. Mais vu que je connais Auba depuis longtemps en France, je sais comment il fonctionne donc je sais quel genre de ballons il aime, que genre de buts il marque. Je le connais très bien.

 

[I.W.] On voit que vous vous entendez très bien. Quand tu es arrivé, tu as été acheté très cher et j’étais très content. Mais au mercato suivant, Aubameyang est arrivé. Comment t’es-tu senti à ce moment-là ? Je sais que tu as dit que tu le connaissais, mais qu’est-ce que tu as ressenti à l’arrivée d’un nouvel attaquant ?

 

[A.L.] Tout le monde a dit qu’il était venu pour prendre ma place mais moi je sais que je peux jouer avec lui. Je savais qu’il pouvait jouer sur le côté gauche et même s’il commence sur la gauche, nous pouvons jouer ensemble. Cette saison, il a aussi dit, dans la presse je crois ou au coach je ne sais plus, « je veux jouer avec Laca » parce qu’il sait que nous pouvons jouer ensemble.

 

[I.W.] À l’entraînement en ce moment, est-ce que vous travaillez sur des points en particulier ?

 

[A.L.] Nous travaillons sur le mauvais pied, sur le jeu de tête, et plus avec les milieux, comme Lucas, pour me donner le genre de ballons que j’aime recevoir.

 

[I.W.] On sait que tu préfères jouer avec ton pied droit et que tu marques beaucoup de buts du pied droit. Est-ce que tu travailles sur tes mouvements à l’entraînement pour marquer plus du pied gauche ?

 

[A.L.] Oui, aussi, parce que maintenant les défenseurs savent comment j’aime tirer donc je dois travailler plus sur le pied gauche. Mais si ton pied droit est « parfait », ils ne peuvent rien faire.

 

[I.W.] Est-ce que tu aimes être seul devant avec les trois de derrière, que ce soit Ozil, Miki et Welbeck ou Auba ? Tu aimes jouer devant eux et tu penses être bien servi ?

 

[A.L.] Pour moi, ce n’est pas un problème de jouer seul ou à deux devant. Tout dépend des mouvements de chacun.

 

[I.W.] C’est vraiment une époque différente parce que, quand je jouais, faire des passes décisives n’étaient pas si important, tout ce qui comptait c’était de marquer, parce que si tu marquais, ça signifiait que tu pouvais rester dans l’équipe la semaine suivante à l’époque où je jouais. Mais maintenant on dirait que scorer est moins important pour les joueurs.

 

[A.L.] Oui, je veux toujours marquer mais j’ai grandi avec l’idée de bien jouer au football. Ma meilleure position est attaquant, j’aime marquer des buts, c’est ce que je préfère dans le foot. Mais même si je marque, c’est important pour moi de bien jouer au foot.

 

[I.W.] Personnellement, j’aurais adoré joué avec Mesut Ozil, parce que quand tu fais un mouvement, il le voit très rapidement. Comment est-il à l’entraînement ?

 

[A.L.] À l’entraînement, c’est encore pire, parce qu’il ne veut vraiment pas du tout marquer, il veut seulement te faire des passes décisives. Il faut faire attention à quel ballon il peut te donner parce qu’il veut toujours te faire la passe décisive et s’il te donne un ballon et que tu ne marques pas il te dit « allez, marque ! ». C’est sympa de travailler avec lui.

 

[I.W.] Que penses-tu d’Arsenal cette saison ? Nous traversons une très bonne série actuellement, je suis très excité par l’équipe cette saison, tout le monde commence à remarquer Arsenal. Quel serait un bon résultat pour Arsenal cette saison selon toi ? Avec le nouveau manager, le nouveau système, tout le monde qui s’habitue aux changements, que serait une saison réussie pour toi ?

 

[A.L.] Si on se qualifie pour la Ligue des Champions, c’est une bonne saison pour nous. Et si on peut, gagner quelque chose, une coupe, peu importe laquelle, nous voulons faire ça pour nos fans.

 

[I.W.] C’est excitant, je suis excité en ce moment. C’est l’attaquant dont on avait besoin, je l’avais écrit sur Instagram, et j’avais raison. Il est là.

 

[A.L.] Merci.

 

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