La Lettre Ouverte de Leah Williamson

Pour ceux qui ne la connaîtraient toujours pas, nous vous présentons la nouvelle coqueluche des féminines d’Arsenal. La jeune milieue de terrain défensive, qui peut également jouer en défense centrale, n’a encore que 21 ans et cela fait déjà 5 ans qu’elle joue avec les A. En prime c’est une véritable enfant du club qu’elle a rejoint à neuf ans et dans lequel elle a fait toutes ses classes avant de rejoindre l’équipe première. L’équivalent de Jack Wilshere mais en blonde, sans la clope, sans les boîtes, sans les chants anti-Tottenham bourré et sans Joe Hart dans la piscine… A l’occasion de sa première sélection en Equipe d’Angleterre, Leah nous partage de belles histoires sur son numéro fétiche, le soutien de sa famille et sa progression à vitesse grand V. Enjoy!

« Six. C’est juste un numéro pour la plupart des gens et cela ne représente sûrement rien pour ceux qui me suivent de loin, mais pour moi et ma famille, ce nombre est crucial. Même si je le détestais au début… »

« Tout remonte à quand j’avais neuf ans et que j’ai reçu mon premier kit d’Arsenal pour la saison à venir au sein du Centre of Excellence U10. Tout le monde rêvait d’avoir les numéros iconiques, comme le sept, le huit, le neuf et le dix, donc vous pouvez imaginer à quel point j’étais dégoutée quand j’ai réalisé qu’on m’avait donné le 6. Je trouvais ce numéro totalement inintéressant. »

« Ma mère et mon père ont vu à quel point j’étais déçue avec le numéro que j’avais reçu, donc ils sont sortis et m’ont acheté des Nike IDs. Elles étaient noires avec une marque rouge et il y avait mes initiales brodées suivies du numéro 6. A partir de ce moment, j’ai été conquise. D’ailleurs, j’ai toujours ces chaussures maintenant. »

« J’ai toujours gardé mon numéro au fur et à mesure que j’avançais dans les classes d’âge ici à Arsenal, et c’est devenu ma marque de fabrique. Mais quand je suis arrivée en équipe première, Anouk Hoogendijk portait le numéro 6 donc on m’a donné le 14. Pour être honnête, j’aurais pris le numéro 114 si c’était tout ce qu’il restait ! J’étais tellement heureuse d’avoir mon nom sur le maillot que je portais depuis toujours que le numéro qui allait avec ne m’intéressait pas. »

« Mais ensuite, après mes premières saisons à m’installer dans l’équipe et à essayer de gagner une place de titulaire, j’ai senti que le moment était venu de récupérer le numéro 6 quand il est devenu disponible l’année dernière. C’est très important pour moi parce que c’est une piqûre de rappel constante de ma trajectoire et des bons moments que j’ai connus en grandissant, jouant pour Arsenal. »

« Cela fait maintenant 12 ans que je suis ici et depuis mes débuts, Arsenal a toujours fait partie de ma famille. C’est dans notre sang. Ma grand-mère et moi allions toujours voir l’équipe des hommes jouer parce que nous avions des tickets pour la saison. Même quelque chose d’aussi simple que d’enfiler le kit d’entrainement, venir au travail tous les jours, être dans ces locaux – je sais que j’ai beaucoup de chance, en particulier d’être à ma place à mon âge. Faire partie d’un club dont je suis fan, je suis juste époustouflée en permanence. »

Première sélection en équipe d’Angleterre, merci papa, merci maman

« J’ai aussi eu la chance de représenter l’Angleterre dans les équipes de jeunes durant la majeure partie de ma vie, et cet été j’ai fait le grand saut pour jouer mon premier match en tant que titulaire avec les A contre le Kazakhstan. Bien sûr, j’avais eu un petit avant-goût contre la Russie environ deux mois auparavant quand je suis rentrée pour les six dernières minutes, mais être titulaire et me préparer toute la journée en sachant que j’allais jouer pour l’Angleterre le soir était vraiment un bon sentiment pour moi. »

« En réalité, j’ai su que j’allais être titulaire deux jours avant le match, donc 24 heures avant que les médias et le reste du monde ne le sachent. J’ai juste eu quelques échanges informels avec Phil Neville (sélectionneur de l’équipe féminine d’Angleterre, ndlr) sur la préparation et ce genre de choses mais je pense que le plan a toujours été de nous donner les opportunités si les filles se qualifiaient (pour la Coupe du Monde 2019 en France, ndlr). »

« Quand elles ont battu le Pays de Galles, j’ai envoyé un message à ma mère pour la prévenir que quelque chose pourrait arriver. Ensuite, quand cela a été officiellement confirmé, j’ai envoyé un message à ma mère et à mon père, en leur disant de ne le dire à personne, mais avant l’officialisation tout le monde était déjà au courant ! »

« Normalement ma mère est dans les tribunes pour me supporter. C’est un peu une légende dans notre vestiaire parce qu’elle me suit jusqu’au bout du monde, mais malheureusement les vols pour le Kazakhstan étaient très chers donc elle n’a pas pu cette fois-ci. Mais elle ne rate presque jamais de match donc je lui pardonne pour celui-là ! Mes parents ne m’ont jamais déçue ou laissée tomber, ils ont toujours été là pour moi. »

« Mon père a aussi regardé les vols pour le Kazakhstan mais il n’a pas pu se libérer de son travail. Au final, je crois qu’ils ont dû regarder un streaming un peu douteux parce que celui de la BBC ne fonctionnait pas pour le match, mais ils sont tenaces donc ils ont fini par en trouver un. Cela les résume bien je pense, faire tout ce qu’ils peuvent pour me soutenir même quand ils ne sont pas là. J’apprécie tout ce qu’ils ont fait pour moi. Ils partagent tout avec moi. Si je rentre à la maison en pleurs ou heureuse, cela les affecte directement. »

« Ils ont dû m’emmener à toutes les sessions d’entraînement, donc c’est les premières personnes à qui je dis tout parce que c’est sur eux que cela a le plus d’impact. J’aime à penser qu’au moins ce qu’ils ont fait pour moi à payer pour moi à présent. »

Le 6 en sélection fêté par un 6-0, ça ne s’invente pas!

« Au final, le match en lui-même s’est très bien passé. Bien sûr, je ne me mettais pas trop de pression parce que je ne savais pas si je pourrais garder mon calme, mais je me mets toujours des objectifs élevés. Je voulais sortir du terrain en sachant que j’étais au niveau du reste de l’équipe et en ayant rendu service à l’équipe, et je pense que c’est ce que nous avons fait en gagnant 6-0.»

« Mais pour moi le moment le plus spécial de cette soirée est venu dans le vestiaire avant le coup d’envoi et cela concernait encore ce numéro : 6. »

« Dans la sélection anglaise, on t’assigne un nombre en fonction de ton poste. Un défenseur central axe droit porte le numéro cinq et celui de l’axe gauche, le six. Cette soirée-là, pour ma première titularisation en A, je devais jouer axe droit mais par chance, on m’a donné le numéro 6. »

« Parce qu’elle n’a pas pu venir au match, ma mère m’avait donné une carte porte bonheur avant que je m’envole pour le Kazakhstan, qu’elle m’avait dit d’ouvrir si je faisais mes débuts. Je l’ai ouverte et j’ai lu message : « La carte est ton numéro 6, avec lequel tu as appris ton métier et es devenue une grande joueuse. Rappelle-toi que peu importe le maillot que tu enfiles, tu auras toujours en dessous ton cœur, ta tête et ta force. ». »

« Vous comprenez le message ? Une carte de jeu avec un L au milieu et le numéro 6 dans chaque coin. »

« Vous voyez, un nombre est peut-être une petite chose mais dans ma famille, cela représente tout le travail, l’implication et les sacrifices que nous avons fait pour en arriver où nous sommes aujourd’hui. C’est pourquoi, pour moi, ce message de ma mère a été le plus beau cadeau que je pouvais recevoir. »

« Enfin, à vrai dire, j’en ai eu un autre tout aussi beau. J’ai aussi un poème que mon père m’avait écrit il y a quelques années… mais c’est une histoire pour un autre jour. »

Articles liés