Michael Thomas, le héros de la dernière minute – The Arsenal Stories

Si on vous dit « Lee Dixon… Good ball by Dixon, finding Smith… To Thomas, through to the midfield!« , ça vous évoque quelque chose ? Peut-être rien du tout, mais on parle quand même de l’un des moments les plus haletants de l’histoire d’Arsenal. Donc rappel sympa pour ceux qui se souviennent, remise à niveau pour ceux qui voudraient découvrir ce moment.

On remonte 32 ans en arrière et on revit le moment qui restera sans nulle doute le moment le plus excitant pour tout supporter d’Arsenal qui l’a vécu. Cette course au titre lors de la saison 1988/1989 et cette dernière rencontre incroyable face à un Liverpool ultra favori. Se rémémorer cette victoire fantastique à travers les yeux d’un homme dont on entend trop peu parler, Michael Thomas, ça vous dirait ?

Du drame à la tragédie

Nous sommes le 15 avril 1989. Bien entendu. Notre regard se porte loin de Londres ce jour-là. Il se situe plus au Nord de l’Angleterre. A Sheffield exactement. Pourquoi nous attarder sur cette date si loin du 26 mai 1989 qui nous intéresse aujourd’hui me demanderez-vous ? Parce que ce jour est fondateur et rajoute encore au contxte tragédique qui entoure ce dernier match de championnat opposant Gunners et Reds.

Le 15 avril 1989, les deux clubs vécurent un après-midi bien différent. Dans le nord de l’Angleterre, à Sheffield, lors d’un match opposant Liverpool à Nottingham Forrest, 96 personnes perdaient la vie dans le drame d’Hillsborough. 96 victimes parmi les supporters de Liverpool, des accusations portées à l’encontre des supporters de Liverpool et mis sur le dos des supposés hooligans, avant plus de 30 ans d’enquêtes et de jugements afin de déterminer les responsables et de rendre justice aux familles des victimes et victimes encore vivantes.

Dans le sud de l’Angleterre, l’équipe de George Graham vivait un après-midi sportivement compliqué sur son « champ de patates » d’Highbury. C’est pas nous qui le disons, mais Perry Groves hein, calmos hermanos. Opposés à Newcastle, les Gunners galèraient. Appelons un chat, un chat. A l’époque, Highbury était un terrain sur lequel il était difficile de produire quoi que ce soit. Malgré tout, un but de dernière minute de Brian Marwood en fin de match permit à Arsenal de remporter la rencontre et de continuer son chemin vers le titre. No Spoil hein, c’était y’a 30 ans.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que cette rencontre incroyable face à Liverpool était originellement prévue en Avril. Le drame d’Hillsborough imposa un changement de calendrier et Gunners et Reds se retrouvèrent finalement, le 26 mai 1989. On est pas mal, niveau scénario hoolywoodien, non ?

Petit piqué-décalé

On est donc le 26 mai 1989. Equipe-type alignée par George Graham côté Arsenal. Rien de bien surprenant. Alan Smith est là, la défense est stable, David Rocastle également – RIP – et notre ami Michael Thomas est également aligné au milieu de terrain, aux côtés de son compère Kevin Richardson, arrivé un an plus tôt en provenance d’Everton. Si vous aviez dit à Michael Thomas qu’il soulèverait le trophée de la première division anglaise en 1989, 7 ans après avoir signé à Arsenal, en s’imposant au milieu de terrain, il ne vous aurait sans doute pas cru. D’abord supporter de Tottenham, le jeune Thomas s’engage en faveur d’Arsenal à 15 ans. Il y évolue dans les équipes de jeunes et y est principalement formé arrière droit. C’est d’ailleurs à ce poste qu’il effectue ses débuts professionnels lors d’une rencontre de Coupe face à… je vous le donne en mille, Tottenham bien sûr. Une rencontre perdue qui n’empêchera pas Arsenal de se qualifier pour la finale et d’y vaincre Liverpool, un nouveau signe ou c’est comment ?

Ensuite installé au milieu de terrain par un George Graham qui souhaitait promouvoir une jeunesse prometteuse à la tête de cette équipe d’Arsenal, c’est donc à ce poste qu’il débute le match, ce 26 mai 1989. Avant la rencontre, les Gunners étaient conscients que seule une victoire par deux buts d’écart leur ferait remporter le championnat, et rien d’autre. Bon, mi-temps, 0-0, voilà. C’est en seconde mi-temps que tout se joue. Tu reviens des vestiaires, et là pan, Alan Smith se réveille et inscrit le premier but. Là le match est lancé et le suspens halletant.

Dans une interview récente donnée à Ultimo Diez, Michael Thomas déclarait:  » La préparation a cependant été détendue, notamment grâce à Bob Wilson qui nous rappelait souvent que la seule chose dont nous avions besoin, c’était 2 buts d’écart. On savait qu’on allait marquer. Il fallait juste les empêcher de faire de même. »

De quoi ne pas se prendre la tête et détendre l’atmosphère avant une rencontre si importante. Vous vous souvenez lorsqu’on vous disait que le terrain d’Highbury était un champ de patates ? Enfin, quand Perry Groves vous le disait. C’est sans doute l’une des raisons qui expliqua qu’Arsenal en remporta pas le titre plus tôt cette année-là, retardant l’échéance d’une victoire en enchaînant les résultats décevants sur son terrain. Il fallut donc aller chercher le titre, à l’extérieur.

On est à la 90ème minute, Liverpool a le ballon. Les arrêts de jeu sont lancés et la pression est plus que palpable. S’en suit une série de longs ballons, une percée de Barnes sur le côté gauche de la défense d’Arsenal et le bon taff défensif de Tony Adams qui permet aux siens de récupérer le ballon. Vous la voyez venir la suite ?

Toujours à nos confrères d’Ultimo Diez, Thomas déclarait: « Je savais aussi, à ce moment, que Lee Dixon allait jouer long sur Alan Smith. Une fois la passe réalisée, je savais que j’allais faire cet appel. C’était quelque chose que l’on pratiquait souvent à l’entraînement depuis l’arrivée de George Graham. Alan Smith s’est retourné pour me lancer en profondeur. A ce moment précis, mon plan était de lober le gardien en visant l’autre côté, mais il y avait encore le défenseur Steve Nichols. Le ballon a tapé son épaule, puis la mienne, puis est revenu dans mes pieds. »

Il en faut des corones, pour tenter un geste comme ça, non ? Face à un tel gardien, dans un tel contexte, avec un tel enjeu. Et c’est pourtant ce qu’a fait Michael Thomas ce jour-là, permettant à Arsenal de remporter son premier titre de champion en 18 ans, et de mettre fin à l’hégémonie d’un Liverpool qui avait remporté 11 titres de champions en 18 ans. Cette année-là, tout se joua à la différence de buts particulière. Graham et Dalglish avaient permis à leur équipe d’obtenir 76 points. Toutes deux avaient une différence de buts de +37. Mais cette victoire 2-0 permit à Arsenal de finir premiers.

Vous voulez connaitre la fin de l’histoire ? Elle est un peu ironique d’ailleurs. Michael Thomas resta un joueur d’Arsenal jusqu’en 1991. A ce moment-là, en raison de sa relation avec Graham, et de questions contractuelles, Thomas dut quitter le Club et il s’engagea en faveur de… Liverpool. Et ouais.

« Thomas… It’s up for the grabs now! »

Sources

Michael Thomas, le héros d’Anfield 89 avec Arsenal, par Ultimo Diez

« Highbury, the Story of Arsenal in N.5 », Jon Spurling

« Rebels for the Cause », Jon Spurling

 

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