Pas le temps de se remettre de nos émotions de ce dimanche, on ne laisse pas retomber la pression… Juste avant la démolition réception de Newcastle, Arteta avait reçu à Conley Nick Wright de Sky Sports pour sa première interview depuis sa prise de fonctions. Après le petit voyage team building à Dubaï, Mikel, comme ses joueurs, est revenu plein d’espoir. Encensé par Ozil, Aubameyang ou encore David Luiz pendant la trêve, les joueurs sont passés des paroles aux actes sur le terrain pour une victoire qui marque peut-être la première fondation de l’ère Arteta. S’il est conscient de l’abysse qui sépare actuellement Arsenal des meilleurs, le technicien croit dur comme fer dans son groupe et annonce des jours meilleurs !
Avant le réveil face aux Magpies, les progrès ne s’étaient pas réellement matérialisés en terme comptable depuis l’arrivée de l’ancien capitaine des Gunners. Néanmoins, en termes de jeu et surtout d’identité, on avait pu constater de nets progrès par rapport à la bouillie servie par son illustre prédécesseur… L’important pour Arteta au cours de cet éreintant mois de janvier (9 matchs en 39 jours !), était surtout de faire adhérer ses joueurs à son projet et il n’y a qu’à voir les réactions des joueurs pour s’assurer qu’il a réussi son parti. De tête, David Luiz, Özil ou encore Lacazette et Nelson, tous ont adoubé leur nouvel entraîneur.
« Je suis convaincu que nous allons faire de grandes choses ensemble. Nous avons tous les éléments qu’il nous faut pour réussir et pour faire avancer le club – et aussi pour le faire à notre manière. C’est super de sentir que les joueurs prennent du plaisir, et qu’ils croient dans ce que nous essayons de faire. »
« Maintenant, c’est à nous d’accélérer le processus autant que faire se peut, sans le mettre en péril mais en remportant autant de matchs que possible. »
« Il y a beaucoup de points positifs. J’essaye de convaincre les joueurs que si nous travaillons sur certaines choses à l’entrainement, elles se reproduiront en match et nous permettront de marquer des buts. Il y a eu quelques très bons moments où ils ont appliqué ce que je leur demande de faire. »
Comme il l’avait annoncé à son arrivée, le renouveau d’Arsenal passait d’abord et avant tout par un changement d’attitude. Les fameux « non negotiable » qu’il rabâche en conférence de presse. Avec Arteta, si vous ne faites pas les efforts à l’entraînement ou sur le terrain, c’est direction le banc voir les tribunes. Matteo Guendouzi en a d’ailleurs fait les frais ce week-end après une altercation avec le staff à Dubaï qui lui reprocherait sa mauvaise attitude… Dans le même temps, les efforts de Pepe, de Ceballos ou encore de Nketiah ont été salués par une titularisation contre Newcastle. La méritocratie semble enfin de retour chez les Gunners.
« Au niveau du contre pressing par exemple, nous avons été très bon par moment. Certains joueurs n’avaient pas le bon comportement auparavant, en particulier les top joueurs dans le repli défensif. Nous avons beaucoup réduit les distances entre les joueurs et nous sommes beaucoup plus compacts, notre langage corporel pendant les matchs s’est aussi beaucoup amélioré. »
« La première chose à faire était d’apporter ces changements au niveau de notre culture, de notre manière de vivre ensemble, et du comportement que j’attends des joueurs et du staff ainsi que des valeurs que nous nous devons d’avoir au sein du club. »
« Je pense que nous avons changé l’énergie dans ce club. Je crois que nous avons rapproché les joueurs et ramené les supporters derrière l’équipe, ce qui n’était pas une mince affaire. Ensuite, au niveau du terrain, je pense qu’on commence à voir des signes de comment je veux faire jouer l’équipe, comment je veux qu’ils se comportent, et le genre de passion et d’engagement que les joueurs doivent démontrer avec moi. »
« Je n’étais pas ici auparavant bien sûr, mais d’après ce que j’ai entendu et de ce que j’ai ressenti quand je suis arrivé, je dirais que oui, [l’état d’esprit actuel de l’équipe est différent de ce qu’il était à son arrivée]. »
Le coach semble donc avoir réussi sa première mission : joueurs, dirigeants, fans, tout le monde a embarqué sur le bateau Arteta. C’est tout de suite plus simple quand on comprend le projet. On est assez loin du caméléon basque. Arteta a une idée directrice et une volonté claire de comment faire jouer son équipe. C’est souvent la marque des grands entraîneurs tels Guardiola ou Klopp. Si son projet de jeu est plus proche du Catalan, la trajectoire d’Arteta est assez similaire à celle de l’Allemand. Débarqué en cours de saison, une totale intransigeance avec les joueurs dès son arrivée, des résultats mitigés au début mais des joueurs qui adhèrent avant d’ajouter les touches nécessaires à l’effectif. On lui souhaite la même réussite !
« Est-ce que tout se passe comme je le souhaite ? Non. Il y a encore beaucoup de choses que nous devons améliorer, et nous devons garder notre niveau tout en améliorant ces points, ce qui peut parfois s’avérer compliqué. Mais je pense que nous sommes sur le bon chemin. »
« Sans identité, on ne peut pas se projeter et convaincre un joueur de faire ce que vous voulez. Comment recruter un joueur si vous ne savez pas vraiment ce que vous essayez de faire ? Comment convaincre un joueur de la façon dont vous voulez jouer si vous ne savez pas vous-même pourquoi vous voulez le faire ? »
« Je pense que c’est la première chose à faire. Il faut se dire : « voici la marche à suivre et c’est que nous voulons réaliser ». Ensuite, il faut convaincre les joueurs de vous suivre, et alors on peut commencer à construire. Mais l’identité est la fondation pour tout le reste. »
« Il faut se projeter à long terme. Sur du court terme, on ne peut pas obtenir tout ce dont le club a besoin. Le club veut se battre dès maintenant avec les meilleures équipes du pays et en Europe, mais ce n’est pas possible. Nous sommes très loin derrière actuellement et tout le démontre. »
« Nous devons réduire cet écart petit à petit. Mais cela va demander de prendre beaucoup de bonnes décisions et une grande quantité d’énergie et d’engagement. »
Une des décisions fortes d’Arteta, dans la lignée de l’interim assuré par Ljungberg, a été de réintégrer Özil dans le 11 de départ. Si on peut difficilement se projeter à long terme avec l’Allemand, son retour à un niveau correct ne peut qu’être bénéfique dans la course à la Ligue des Champions. Arteta a régulièrement félicité Mesut depuis son arrivée pour son travail à l’entraînement et il est vrai qu’on le sent plus impliqué depuis l’arrivée du nouveau coach. Avec sa bonne prestation face à Newcastle accompagné d’un petit but, on peut espérer revoir un Özil en confiance pour le run de fin de saison.
« Je me suis intéressé à ça cette semaine. Il n’a pas été chanceux avec certaines bonnes passes où ses coéquipiers n’ont pas réussi à marquer. S’ils avaient concrétisé ces actions, les stats auraient été un peu différentes. »
« Mais il ne peut pas passer du niveau où il était à son meilleur niveau en cinq semaines, je suis désolé. Mais quand vous souhaitez vraiment que ça marche, tout ne se passe pas toujours comme vous le voudriez. Il faut être tellement constant. Mais il fait beaucoup d’efforts et il a vraiment envie. »
« Je pense que ça va dans les deux sens. L’équipe ne peut pas se permettre d’avoir une structure spéciale pour lui s’il ne fait pas les efforts nécessaires. S’il les fait, alors l’équipe peut bénéficier d’avoir quelqu’un comme lui pour faire la différence. Par moments, il s’est vraiment rapproché de ce que j’aimerais le voir produire sur le terrain. »
Un autre joueur qui a retrouvé des couleurs face aux Magpies, c’est évidemment Nicolas Pépé, auteur du deuxième but et passeur décisif sur le premier et le dernier but. Cette seconde mi-temps pousse évidemment à l’optimisme pour l’Ivoirien et Mikel y croyait déjà avant le match de dimanche. Comme la plupart d’entre nous, il est prêt à lui laisser du temps pour continuer à s’adapter au meilleur championnat du monde.
« J’ai été impressionné par Nico parce qu’il aime vraiment jouer, il adore le football. C’est un garçon très timide qui a connu une saison incroyable l’année dernière, mais c’était avec un style de jeu très différent, avec beaucoup d’espace, beaucoup de courses dans le dos des défenseurs, et beaucoup de liberté. »
« Ici, c’est différent. Il est entouré d’autres grands joueurs et il doit s’adapter à ça. Arriver en Angleterre et y arriver directement, d’autant plus en tant qu’ailier, ce n’est pas facile. »
« J’ai vu des joueurs avec bien plus d’expérience que Nico arriver en Premier League et pendant six, huit ou douze mois, échouer complètement et sous-performer. Mais ensuite, ils sont revenus la saison d’après et ont fait partis des meilleurs joueurs de Premier League. »
Nombreux sont ceux qui ont eu les yeux qui brillent à l’annonce de sa nomination en pensant aux perspectives de développement des jeunes, son influence du côté de City dans le développement de Raheem Sterling étant de notoriété publique. On n’a pas été déçu jusqu’à présent en constatant les progrès de Saka match après match et l’explosion de Martinelli. La pression va évidemment se faire de plus en plus grande sur les épaules de ces gamins de 18 ans mais on peut faire confiance au coach pour les accompagner dans cette nouvelle étape.
« J’adore travailler avec les jeunes joueurs. Quand je vois du potentiel et que je sens la rage d’être le meilleur dans leurs yeux, je ne peux pas m’empêcher de travailler avec eux parce que c’est une joie. »
« Quand on ressent ce genre d’énergie, c’est tout ce qu’on souhaite, cet amour pour ce qu’ils font, et je ressens vraiment ça avec ces joueurs. Ils sont le futur du club. »
« [Matinelli] doit digérer beaucoup de choses. Plus vous performez, plus il faut commencer à digérer ce que les gens pensent de vous. Il doit se dire : « maintenant, les adversaires me connaissent mieux, les espaces sont plus petits, je vais plus attirer l’attention. Je veux toujours faire ce que je faisais il y a trois ou quatre semaines, mais maintenant ce n’est plus possible. » Tous les jeunes joueurs doivent passer par cette étape. Il y a tout un processus au niveau mental. »
Arteta est encore très jeune pour entraîner un club de la stature d’Arsenal. L’Espagnol aura 38 ans le mois prochain. Mais son parcours pour arriver où il en est aujourd’hui remonte à plus de 10 ans. Poussé par Papy Wenger, il avait commencé à se former au job alors qu’il jouait encore pour les rouges et blancs. Quasiment 4 années d’expérience sous Pep Guardiola et le voilà prêt pour symboliser le renouveau du club de Nord de Londres. Devinez quel âge avait Guardiola lorsqu’il est devenu entraîneur du Barça ? 37 ans… l’histoire est bien faite quand même !
« C’est quand j’ai eu ma blessure aux croisés à Everton [entre 2009 et 2010] que j’ai commencé à étudier un petit peu. Ensuite, lors de ma première ou deuxième année ici en tant que joueur, j’ai échangé avec Arsène à ce sujet. Il m’a dit d’essayer de le faire et donc j’ai commencé à passer mes badges et plus ça allait plus j’aimais ça. »
« Il m’a beaucoup soutenu. J’avais une très bonne relation avec lui. C’est une personne très calme, très réfléchie et très, très intelligente. J’ai beaucoup appris avec lui quand j’étais joueur notamment au niveau de sa gestion, de son amour et son respect pour le jeu, ses valeurs, le type de jeu qu’il voulait jouer et les messages qu’il nous faisait passer aussi. »
« Il est clair que je faisais les même horaires pendant les quatre dernières années à City. Mais la vraie différence c’est d’avoir à prendre des décisions tout le temps et la responsabilité que l’on ressent pour vraiment porter les joueurs et leur transmettre l’énergie nécessaire. C’est très éprouvant et je suis en train de m’y adapter. Mais je suis content de la façon dont ça se passe pour le moment. »